5. "Marie. Mariologie. Maternité divine " par
Dominique et Marie-Thérèse URVOY
1. Présentation
de l'article "Marie. Mariologie. Maternité divine"
Marie est la seule figure féminine du Coran, livre qui nie
vigoureusement sa maternité divine. Présentée comme le modèle parfait de la
musulmane, elle est confondue avec la soeur (Myriam) de Moïse et d'Aaron qui
vivaient pourtant au XIIIè siècle avant le Christ.
Ce court article est extrait du livre "Abécédaire du
christianisme et de l’islam; précis de notions théologiques comparées", de
Dominique et Marie-Thérèse URVOY, publié par les Editions de Paris (13 rue
Saint-Honoré, 78000 Versailles, 24€ franco de port). Il comporte deux parties:
"Marie dans le christianisme" et "Marie dans l'islam",
cette dernière se limitant à la place de Marie dans cette religion.
L'article du livre est reproduit sur le site "Studia-Arabica" http://www.studia-arabica.net/spip.php?article244.
"Notre-Dame de Kabylie" le publie avec l'aimable
autorisation de l'auteur et de "Studia-Arabica".
Interviewée sur le site "Lumière 101" (éditeur:
Jean-Luc de Carbuccia), Marie-Thérèse Urvoy donne une version orale plus
développée de ce sujet http://lumiere101.com/2008/11/07/marie-dans-lislam/.
Marie-Thérèse Urvoy est professeur d'islamologie,
d'histoire médiévale de l'islam et de langue arabe à l'Université catholique de
Toulouse. Dominique Urvoy est professeur de pensée et civilisation arabes à l'Université
de Toulouse II.
[ Présentation rédigée par les auteurs du site Notre Dame
de Kabylie ]
2. L'article
"Marie. Mariologie. Maternité divine" de Dominique et Marie-Thérèse
URVOY
Marie dans le christianisme
Marie est la mère de Jésus-Christ qui est lui-même le Fils
de Dieu. D’où l’apparition progressive de l’appellation « mère de Dieu »,
maternité étant pris dans son sens plénier et ne se réduisant pas à
l’enfantement biologique.
Elle a conçu Jésus en restant vierge par son acceptation de
la grâce de Dieu lui permettant de donner la vie. Cet acte est capital dans
l’histoire du salut puisqu’il permet ainsi l’incarnation du Rédempteur de
l’humanité (fait souligné par la présence de Marie au pied de la croix, qui est
« l’arbre de la Rédemption »). Par là et par sa sainteté personnelle – les deux
se conditionnant réciproquement – elle est l’archétype des rachetés. Elle est
donc préservée de la faute originelle.
Ces affirmations sur Marie sont du domaine de la foi : la
mariologie, comme traité théologique particulier, se place à la suite de la
christologie et de la sotériologie (doctrine du salut), et comme partie
intégrante de l’ecclésiologie.
Marie dans l’islam
Maryam est la seule femme nommément désignée dans le Coran
et une sourate [1] porte même son nom. Mais cet honneur est relatif car cette
sourate met en parallèle les naissances de Jean (Baptiste) et de ‘Îsâ de façon
à conclure que ce dernier, tout comme le premier, n’est qu’un prophète.
Bien que fille (et donc théoriquement inférieure à un mâle)
elle a été dès sa naissance placée sous la protection de Dieu « contre le Démon
maudit », [2] élue et purifiée par Dieu. [3] Le Coran insiste à plusieurs
reprises sur le fait qu’elle est restée vierge et sa conception est due à ce
que Dieu a « soufflé en elle de [Son] esprit », [4] et « Dieu crée ce qu’Il
veut. Quand Il décrète une affaire, Il dit seulement à son propos : « sois ! »
et elle est » . [5] Les Juifs sont maudits pour avoir nié cette conception
virginale.
Avec son fils elle est un « signe » de Dieu. Elle « déclara
véridiques des arrêts et les Ecritures de son Seigneur et fut parmi celles
faisant oraison ». [6] C’était une « sainte » (siddiqa, littéralement « sincère
») [7] et obéissante. Elle est donc le modèle de la musulmane.
Elle figure parmi les prophètes.
Elle n’est en aucune manière mère de Dieu, et ne saurait
être comptabilisée comme troisième divinité d’une triade (à quoi le Coran
ramène la Trinité chrétienne).
Dominique et Marie-Thérèse URVOY
Abécédaire du christianisme et de l’islam, Précis de
notions théologiques comparées, Dominique et Marie-Thérèse URVOY, Editions de
Paris, 2008.
Notes
[1] 19
[2] 3,36. A noter que ce thème n’a rien de chrétien en
lui-même. Les anciens Egyptiens disaient « qu’il n’est pas impossible que le
souffle d’un Dieu s’approche d’une femme pour y engendrer des principes de
fécondité ». (Plutarque, Vie de Numa, 62 b 6)
[3] 3, 42.
[4] 21, 91 ; 66, 12.
[5] 3, 47
[6] 66, 12
[7] 5, 75
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